Présidentielles, législatives, municipales…à chaque fois que la gauche perd lourdement, elle essuie une défaite plus spectaculaire que lorsque la droite perd. Début d’explication…

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Quelques comparaisons :

Regardons les plus gros « bides » électoraux des principales élections de la Vème république :

  • Plus lourd échec de la droite aux présidentielles ? Chirac en 1986 avec 46 % des voix au second tour /Plus lourd échec de la gauche aux présidentielles ? 1969 et 2002 : gauche absente du 2nd tour.
  • Plus lourd échec de la droite aux législatives ? 1981 : 30 % des sièges /Plus lourd échec de la gauche aux législatives ? 1993 : 16 % des sièges.
  • Plus lourd échec de la droite aux municipales ? Probablement 2008 : Perte de 82 villes de plus de 10 000 habitants / Plus lourd échec de la gauche aux municipales ? Probablement 2014 : Perte de 155 villes de plus de 9000 habitants (contre 97 en 1983).

Ce constat est plus intuitif que rigoureux (il faudrait regarder tous les résultats en nombre de suffrages, et calculer les écarts à la moyenne), mais en revanche, notre explication, aura elle des fondements rigoureux :

Explication :

Quand la gauche perd, il est courant d’invoquer une désillusion liée à des promesses plus difficiles à tenir que celles de la droite (le vote de droite est un vote généralement conservateur, engageant à moins de changements). Pourtant les élections de 1983 et de 1986 qui auraient dû traduire la grande désillusion de l’après-1981 ne sont pas les pires défaites de la gauche. A contrario, les gouvernements Bérégovoy (1997),  Jospin (2002) et Ayrault (2014), qui sont arrivés au pouvoir sur des programmes modérés ont vécu des lourdes défaites.
Il y a peut-être une autre explication que celle de la désillusion….explication assez simple :

  • Plus on est jeune, plus on a de chances de s’abstenir de voter (Tournier, 2009).
L'abstention selon l'âge de 1978 à 2007 (Tournier, 2009)
L’abstention selon l’âge de 1978 à 2007 (Tournier, 2009)
  • Plus on est âgé, plus on vote à droite (Cf. Article d’Alternatives Economiques). Le vote de droit est plus rassurant et il correspond plus aux intérêts d’une population plus aisée (or les 50-65 ans forment la tranche d’âge la plus riche) .
  • Plus on est âgé, plus on est fidèle, que ce soit à une marque de lessive, de voiture ou … à un parti politique (Lambert-Pandraud et al., 2009). Cela est du d’une part à un ancrage plus grand des valeurs (à 60 ans, on se cherche moins qu’à 20 ans) et d’autre part à la façon même de faire des choix : on s’appuie plus sur la mémoire et moins sur la comparaison… on réfléchit moins quand on fait un choix et on fait plus confiance à ses choix passés.

Notez maintenant que l’abstention en 2014 a été de 39 % ce qui est un record pour des élections municipales.

Vous pensez à ce que je pense ? La gauche s’appuie sur un électorat plus jeune, donc un électorat qui s’abstient plus facilement et qui a tendance à changer plus facilement de parti d’une élection à une autre. Quand la gauche déçoit, ses électeurs, non parce qu’ils seraient plus déçus que ceux de droite, mais parce qu’ils sont plus jeunes, iraient moins voter, et voteraient plus facilement pour un autre parti.
La droite aurait grâce aux électeurs âgés, un électorat fidèle qui vote toujours pour elle, limitant ainsi les chocs et la casse en cas de défaite.

Tout cela n’est qu’une hypothèse qui met de côté le Front National (dont l’électorat est également jeune) et simplifie un peu le lien entre vote et résultat électoral. Regardez l’abstention par âge entre 2012 et 2014 : si elle a plus augmenté chez les jeunes que chez les plus de 50 ans alors il y a des chances que j’ai raison !

Crédit image : auteur à partir d’une image sous Licence Wikipedia Commons (le “stop”).

 

Références :

 

  • Lambert-Pandraud R., Laurent G., Dubois D., (2009), “Du comportement du consommateur au marketing politique : impact de l’âge sur le choix répété et l’hésitation avant le choix”, Actes du 25ème Congrès de l’Association Française du Marketing, 2009, 14-15 mai, Londres, Royaume-Uni.
  • Tournier, V. (2009), Comment le vote vient aux jeunes : L’apprentissage de la norme électorale, Agora débats/jeunesses, 51, 1.

Une pensée sur “Pourquoi les branlées de la gauche sont plus violentes que celles de la droite ?”

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