Les défauts du PIB en tant que mesure de performance économique ou sociale ont été soulignés à maintes reprises. Reste qu’il demeure incontournable.  Pourquoi ? Notamment à cause de la dette publique : Explications….

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Le PIB, indicateur “has been”

 

Dans une interview croisée au Monde, les économistes Jacques Attali et Bernard Marris regrettent la focalisation du gouvernement sur la croissance du Produit Intérieur Brut, boussole de la politique économique. Pourtant, il est peu probable qu’un gouvernement de gauche ou de droite puisse orienter sa politique sans garder un œil rivé sur le PIB.

Le PIB,  somme des valeurs ajoutées des entreprises et des administrations (écart entre leurs achats et la valeur marchande de leur production) est un critère très critiqué (voir notamment le rapport de la commission Stiglitz en 2008) :

  • le PIB en tant que mesure de la richesse produite conduit à mesurer en positif des actions sans utilité sociale dès lors que de l’argent est versé (exp. : L’Etat paie une société pour construire un tunnel, puis la paie pour le reboucher).
  • Le PIB ne mesure par certaines formes de travail qui ne passent ni par le marché ni par la dépense publique (si vous payez quelqu’un pour faire le ménage chez vous : hausse du PIB ; si la collectivité paie quelqu’un pour faire le ménage chez vous : hausse du PIB ; si vous faites le ménage chez vous : aucun effet sur le PIB).
  • Le PIB augmente lorsque sont construits des biens qui pourtant contribuent à réduire le bien-être global (cas de la plupart des armes).
  • Le PIB ne prend pas bien en compte des créations de richesse sans effet monétaire directe : vous apprenez à manger mieux, cette hausse de votre “capital humain” vous aidera à vous sentir mieux dans votre peau et cela réduira à terme les dépenses de santé mais cela n’a aucun impact sur le PIB.

Aussi d’autres critères ont été proposés et certains sont déjà répandus :

  • L’indice de Développement Humain (IDH) ; indicateur intégrant notamment le niveau de santé et le niveau d’éducation en plus du pouvoir d’achat.
  • L’indicateur de Pauvreté Humaine (IPH), il se focalise plus sur la santé, l’éducation et la situation  des plus démunis (accès à l’eau et à l’école, pauvreté relative et chômage de longue durée). Comme l’IDH, il est largement inspiré par les travaux de Sen sur les capabilités.
  • L’Epargne Nette Ajustée : partant de la création de richesse au sens économique (variation de la valeur du capital productif), elle en déduit les dommages environnementaux et y rajoute les dépenses d’éducation.
  • L’Indice de Santé Sociale : indicateur franco-français agrégeant 16 indicateurs de bien-être social (tel que l’alcoolisme et le mal logement, la mortalité routière).

On pourrait rajouter d’autres critères issus des travaux sur les capabilités d’Amartya  Sen et leur prolongement par Martha Nussbaum (notamment sur la question de l’égalité hommes/femmes) : l’idée de ces critère est d’évaluer non un résultat de l’activité humaine, mais le nombre d’opportunités qu’offre une société. Cela implique de prendre en compte les libertés garanties et leurs mise en œuvre.

Pourtant, le PIB n’a pas encore été détrôné…

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